On m'a récemment prêté le film Ed Wood. J'en avais entendu parler et il doit être très bien. Et puis, Tim Burton, quel cinéaste ! Son monde, son esprit, ses idées, bref, un talent à ne pas remettre en cause. Je regarde la pochette du DVD et je découvre que c'est un film en noir et blanc. Premier réflexe : tiens, c'est un vieux film ? Mais en observant toujours, je vois des acteurs comme Johny Deep, Patricia Arquette et Sarah Jessica Parker qui ne sont pas, à ce que je sache, ressuscités de Mathusalem. Alors le noir et blanc curieux choix non ? Ce n'est pas une question de moyen non plus car à notre époque ce procédé coûte bien plus cher que la couleur. Mais si on analyse un peu, il est vrai que le choix de ces non couleurs n'est pas dénué de sens. Ne trouvez vous pas qu'il apporte une certaine crédibilité au récit ? Je m'explique : comment peut-on s'accrocher à un film dont les couleurs sont trop criantes, trop fausses ? Très vite une certaine distance est mise entre le spectateur et l'image. Il est projeté dans un monde fictif à la Star Academy, où toutes les couleurs sont sur léchées. Vraiment le noir et blanc vaut le coup (et le coût !). Qui ne s'est jamais senti artiste en prenant une photo dans ces deux tons ? Oui, vous allez me dire que maintenant vos appareils numériques ont une fonction Sépia, et que Jeunet a utilisé le principe pour son film Un long dimanche de fiançailles ; mais là le but est différent ! Un noir et blanc réussi est admirable. Hitchcock a fait de magnifiques films, mais n'avez-vous pas été aberrés en voyant, cet été à la télévision, une pâteuse version recolorée des « Oiseaux » ? Le film n'avait plus de goût, comme si en ajoutant ces couleurs c'est un de nos sens que nous avions perdu ! Même si maintenant ce n'est plus dans nos habitudes de regarder un film à deux couleurs, il ne faut pas pour autant prendre ceux qui exploitent cette idée pour des avares, ringards ou des marginaux. Il faut également apprendre à tolérer un film, même s'il n'a pas de couleur. Allez donc fouiller la vidéothèque de vos parents plutôt que d'attendre une version colorée de chef-d'oeuvres _qui du coup ne le seront plus.
Pour conclure je citerai ce cher Thomas Fersen qui dit dans une chanson : « L'essayer c'est l'adopter » (bon, lui il parle des mules en reptiles mais c'est adaptable !).
Geoffrey Couët